Sophie Mourot, translation by Damien Jacobée
Touik Touik Philomèle was written in spring 2020, amid the deafening silence of our towns and cities. There was indeed no more noise. Our windows opened up to another soundscape. Silent asphalt, crawling insects, the crackling leaves and bark of trees, dilating stones, birdsongs… innumerable, mischievous yet reliable, spectacularly present. Flying off, hiding away, drawing inspiration in each way more surprising than the last. They filled our stupor with poetry and laughter, stories from far away and never-ending concerts.
This sensitive way of listening to the world lead us to creating this show. It is a tribute to life, designed as a sound experience, stemming from the idea that some things, perhaps, mattered more than anything else: connecting animal and human voices, and bearing witness to our similarities, along with our raging need for birds
Composer Martin Moulin weaves a musical and gestural language from onomatopoeias, bird calls, rubbing stones and incongruous lyricism. For example, borrowing and twisting an old British folksong into many variations, using a prosody reminiscent of an obsessive Breton dance, a limping nursery rhyme, an opening and conclusion ritual inspired by Aristophanes…
This is about making our birds sing and learning how to listen to them in untrodden ways, into the glades of unexplored vocality; inviting the audience to a slower pace, to stop, open their ears, and play with us around these infectious sounds. Children respond, laugh, vocalise, dance, are carried along in these joyous, labile chirps. They revel in the verbal jousts and tongue twisters stemming from the evocative sounds of bird names: pipit farlouse, rémiz penduline, serin cini, fuligule milouin.
The stage is wide open, combining fabric, paper and mineral creations: stencils of sparrows, created by plastician Marie-Noëlle Deverre, burst out of the cotton nests, bright satin, velvet, and glistening pieces of dark golden cloth:
T’as ta huppe, pipit?
Tu m’farlouzes avec tes nippes,
j’ai mes papattes et puis mon slip!
Touik touik frr zinzinule brrr
kouakouar kouakouar
Playtime continues with our workshops for parents and children. After creating bird sounds and shapes together, they parade in a space that could be the skies or a forest, like some surreal, whimsical flock. Then comes the time to play as the branch-bending wind, or a soft, warm nest, to enjoy the merry trills of a round dance! Grownups gradually reconnect with their inner child, the one who seeks out and explores the world. As for the children, they get to hear their own voices resonating in the grownups’ games of vocal improvisations: these are moments for bonding and sharing. There are a lot of laughs as everyone has fun with their avian inventions.
And so, free from habits, the artistic language regenerates, questions and re-sensitises our own language. It lets us take in the extraordinary diversity of the world, echo the multiplicity of
voices inhabiting it, meet with strangeness, shape us into embracing novel sounds, never giving in to the predictable.Young children, who give the deepest, most moving attention, with such curiosity and sensitivity to the world’s vibration, demand this experience on a physical level! The stage, a space that favours invention, invites them to listening more acutely to a new, suspended temporality: a crucible for later vitality, exciting us for future times.
Singer and actress, Sophie Mourot imagines with Edwige Bage and Margot Châron, within the Compagnie à trois branches, forms at the border of music and theatre.
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ÉCOUTER LE MONDE
Sophie Mourot
C’est dans le silence inouï des villes que s’est écrit Touik Touik Philomèle, au printemps de l’année 2020. Le bruit avait disparu. Un paysage de sons a ouvert grand nos fenêtres … silence du bitume, grouillement des insectes, respiration de la terre humide, craquements de feuilles et d’écorce, dilatation des pierres, chants d’oiseaux… ils ont été fabuleusement là, innombrables, facétieux, fidèles, rivalisant de surprises dans leurs envols, dans leurs cachettes, leurs inspirations. Ils ont peuplé la stupeur de poésie et de rires, de récits lointains et de concerts infinis.
L’écoute sensible du monde nous a conduits à ce spectacle -hommage au vivant- imaginé comme une expérience sonore, comme s’il fallait à tout prix relier les voix animales et humaines, comme s’il fallait témoigner de nos ressemblances et de notre furieux besoin d’oiseaux.
Le compositeur Martin Moulin a tissé une écriture musicale et gestuelle faite d’onomatopées, d’appeaux, de pierres frottées, de lyrisme décalé : l’emprunt d’une vieille chanson anglaise (The three Ravens), socle à de multiples variations, la scansion rappelant une danse bretonne entêtée, une comptine au rythme claudiquant, un rituel d’ouverture et de fermeture inspiré d’Aristophane… Faire chanter nos oiseaux et apprendre à écouter en dehors des sentiers, dans les clairières d’une vocalité inédite et inviter le public à ralentir le pas, s’arrêter, ouvrir grand les oreilles, et jouer avec nous de toutes ces sonorités contagieuses. Les enfants répondent, rigolent, vocalisent, dansent, se laissent entraîner par la labilité de ces joyeux piaillements
se délectent de joutes verbales et de virelangues à partir de tous ces noms de piafs aux sonorités poétiques: pipit farlouse, rémiz penduline, serin cini, fuligule milouin.
La scène est grande ouverte sur une scénographie alliant création textile, papier et minérale – nid de ouate, satins acidulés, velours, tissus mordorés et chatoyants d’où surgissent des passereaux sérigraphiés par la plasticienne Marie-Noëlle Deverre-:
T’as ta huppe, pipit?
Tu m’farlouzes avec tes nippes,
j’ai mes papattes et puis mon slip!
Touik touik frr zinzinule brrr
kouakouar kouakouar
Le jeu se prolonge dans des ateliers proposés aux parents et aux enfants. Ensemble, ils inventent des sons et des corps d’oiseaux et défilent, nuée fantastique et loufoque, dans un espace devenu ciel ou forêt. Puis, on joue le vent qui fait plier les branches, le nid moelleux qui réchauffe, la ronde qui fait naître des trilles de joie! Les adultes retrouvent peu à peu une attitude d’enfant qui cherche et découvre le monde. L’enfant entend résonner sa voix dans celle des adultes entraînés par les improvisations vocales, moment de haute complicité. Chacun s’amuse de ses trouvailles ornithologiques et le rire surgit!
Ainsi, loin de l’habitude, l’écriture artistique régénère le langage, l’interroge, le ressensibilise. Il s’agit alors de s’ouvrir à l’extraordinaire diversité du monde, de se faire l’écho des multiples voix qui le peuplent, de rencontrer l’étrange, de façonner notre écoute à l’accueil du nouveau, de ne rien céder à l’attendu.
Car l’attention bouleversante des tout petits, leur curiosité extrême, leur sensibilité à la vibration du monde semblent appeler cela de tout corps !
La scène, cet espace généreux de l’invention les invite à cette acuité d’écoute, à cette autre temporalité, suspendue, créatrice de la vitalité de demain, matrice du futur et dynamisatrice de notre désir d’avenir.
Chanteuse et comédienne, Sophie Mourot imagine avec Edwige Bage et Margot Châron, au sein de la Compagnie à trois branches, des formes à l’orée de la musique et du théâtre.